Dixitologie

synthèses à lire, écouter, voir

Rosa Luxemburg – Réforme ou révolution ?

Rosa Luxemburg est une théoricienne marxiste qui prône un socialisme révolutionnaire. Dans un pamphlet de 1898 intitulé Réforme sociale ou révolution ?Toutes les citations sont tirées de Réforme sociale ou révolution ?, 1898. La traduction est d'Irène Petit. , elle critique l'aile réformiste de son parti, le SPD (Parti social-démocrate d’Allemagne).

Quel socialisme pour le XX(I)ème siècle ?

Difficile de croire en effet que Rosa Luxemburg et Gerhard Schröder sont du même parti, et pourtant c'est bien le cas. Il faut dire que le SPD, le plus vieux parti politique d'Allemagne, a bien changé depuis sa création, en 1875Le SPD est issu de l’ADAV (Allgemeiner Deutscher Arbeiterverein), fondé en 1863, et du SDAP (Sozialdemokratische Arbeiterpartei), fondé en 1869, qui se réunirent en 1875 pour former le SAP (Sozialistische Arbeiterpartei Deutschlands) qui prit le nom de SPD en 1890. .

Rosa Luxemburg et le SPD

Cette métamorphose idéologique au sein du SPD, c'est précisément ce que combat Rosa Luxemburg. Elle dénonce les théories réformistesCe réformisme est qualifié de “révisionnisme” puisqu'il cherche à réviser et transformer la doctrine révolutionnaire du SPD.  représentées par Eduard Bernstein, comme une trahison du socialisme révolutionnaire que défendait jusqu'alors le parti. Les critiques de Rosa Luxemburg trouvent d'ailleurs un certain écho au moment de leur parution, et le réformisme est mis en minorité au congrès du parti en 1898, 1901 et 1903. Néanmoins, il gagne du terrain au sein du SPD, dont la pratique politique se fait de plus en plus réformiste à mesure que s'accroît son poids parlementaireLors des élections de 1912, le SPD devient pour la première fois le premier parti politique en termes de mandats au Reichstag avec 34,8 % des voix et 110 sièges, détrônant ainsi le Zentrum. .

À la veille de la Première Guerre mondiale, tout en demeurant officiellement marxiste, le parti n'a plus rien du mouvement révolutionnaire de ses débuts. La majorité des sociaux-démocrates allemands, comme la plupart de leurs homologues européens, vote les crédits de guerre. Rosa Luxemburg est exclue du SPD en raison de son opposition à la guerre, contre laquelle elle milite ardemment, ce qui lui vaudra d'ailleurs plusieurs séjours en prison.

Le triomphe de la tendance réformiste au sein du SPD est symptomatique de l'évolution générale des partis socialistes européens. Le réformisme finira par triompher partout en Europe pendant l'entre-deux-guerres, jusqu'à devenir la version dominante du socialisme jusqu'à nos jours.

Les débats qui agitent le SPD à la toute fin du 19ème siècle reflètent les divergences philosophiques profondes qui séparent les partis de gauche réformistes des partis de gauche révolutionnaires.

Une différence qualitative

Alors en quoi révolution et réforme diffèrent-elles radicalement selon Rosa Luxemburg ?

« Il est inexact et contraire à la vérité historique de se représenter le travail de réforme comme une révolution diluée dans le temps, et la révolution comme une réforme condensée. Une révolution sociale et une réforme légale ne sont pas des éléments distincts par leur durée, mais par leur contenu ; tout le secret des révolutions historiques, de la prise du pouvoir politique, est précisément dans le passage de simples modifications quantitatives en une qualité nouvelle ou, pour parler concrètement, dans le passage d'une période historique d'une forme de société donnée à une autre. »

Il ne s'agit pas là de deux moyens équivalents au service d'une fin identique. La révolution cherche à changer de paradigme social, alors que la réforme a pour objectif d'améliorer le paradigme existant.

« La réforme légale et la révolution ne sont donc pas des méthodes différentes de progrès historique que l'on pourrait choisir à volonté comme on choisirait des saucisses chaudes ou des viandes froides au buffet, mais des facteurs différents de l'évolution de la société de classe, qui se conditionnent et se complètent réciproquement, tout en s'excluant [...]. »

Ainsi, le choix de l'une ou l'autre relève surtout des conditions sociales préexistantes.

« En fait, dans l'histoire, la réforme légale ou la révolution se mettent en marche pour des raisons plus puissantes que le calcul des avantages ou des inconvénients comparés des deux méthodes. »

Réforme ou réformisme ?

La réforme prépare la révolution

Concrètement, les réformes servent à préparer la révolution et la conquête du pouvoir politique par les classes dominées. Elles expriment, et consolident l'évolution des rapports de force au sein de la société.

« Dans l'histoire de la société bourgeoise, la réforme légale eut pour effet de renforcer progressivement la classe ascendante jusqu'à ce que celle-ci se sente assez forte pour s'emparer du pouvoir politique et mettre à bas le système juridique pour en construire un nouveau. »

Par elles-mêmes, ces réformes ne suffisent pas à changer de paradigme social.

« Si l'on considère le problème dans l'absolu, et non dans une perspective historique, on peut au moins imaginer, dans le cadre des anciens rapports de classes, une voie légale, réformiste, du passage de la société féodale à la société bourgeoise. Mais la réalité montre que là non plus les réformes légales n'ont pas rendu inutile la prise du pouvoir politique par la bourgeoisie, au contraire elles ont servi à la préparer et à l'introduire. Il a fallu une révolution politique et sociale en règle, à la fois pour abolir le servage et pour supprimer le féodalisme. »

Pour Rosa Luxemburg, c'est encore plus vrai dans le cadre des sociétés capitalistes. On pouvait, à la rigueur, envisager de transformer les inégalités juridiques de la société féodale par des réformes graduelles, car elles étaient définies « par des rapports juridiques bien déterminés ». Mais, sous le régime capitaliste, les citoyens sont le plus souvent égaux en droit.

« On ne trouvera dans tout notre système juridique aucun statut légal de la domination de classe actuelle. »

Les réformes législatives peuvent difficilement mettre fin à l'exploitation capitaliste dans la mesure où celle-ci ne relève pas d'un dispositif légal mais d'un rapport de force économique« Le fait lui-même de l'exploitation n'a pas pour origine une disposition légale, il a un fondement purement économique, à savoir le fait que la force de travail joue le rôle d'une marchandise, possédant entre autres cette qualité de produire de la valeur, et même plus de valeur que n'en consomment les ouvriers dans leurs moyens de subsistance. » .

« Aucune loi n'oblige le prolétariat à se soumettre au joug du capital, c'est la misère et le manque de moyens de production qui l'y contraignent. »

Rosa Luxemburg estime que c'est d'ailleurs l'une des caractéristiques principales du régime capitaliste.

« Qu'est-ce qui distingue la société bourgeoise des autres sociétés de classe, de la société antique et de la société féodale ? C'est le fait que la domination de classe n'y repose pas sur les “droits acquis”, mais sur de véritables rapports économiques, le fait que le salariat n'est pas un rapport juridique, mais un rapport purement économique. »

Les limites de la réforme

Les réformes législatives peuvent donc tout au plus se contenter de redistribuer au prolétariat une part des richesses qu'il a produites dans le cadre de l'exploitation capitaliste.

« Mais aucune loi au monde ne peut lui accorder ses moyens de production dans le cadre de la société bourgeoise parce que ce n'est pas la loi, mais le développement économique qui l'a dépossédé de ses moyens de production. »

Seule une révolution est susceptible de changer la forme même de la société, ses structures, et d'en modifier les rapports de production.

D'après Rosa Luxemburg, les thèses réformistes ne visent pas à réaliser l'ordre socialiste : « elles ne cherchent pas à abolir le système du salariat, mais à doser ou atténuer l'exploitation, en un mot elles veulent supprimer les abus du capitalisme et non le capitalisme lui-même. »

En renonçant à l'horizon révolutionnaire, les réformistes renoncent par là même à transformer radicalement la société.

« Quiconque se prononce en faveur de la réforme légale, au lieu et à l'encontre de la conquête du pouvoir politique et de la révolution sociale, ne choisit pas en réalité une voie plus paisible, plus sûre et plus lente conduisant au même but ; il a en vue un but différent : au lieu de l'instauration d'une société nouvelle, il se contente de modifications superficielles apportées à l'ancienne société. »

Là où le socialisme révolutionnaire pense la réforme en vue de la révolution, l'idéologie réformiste, elle, prétend faire l'économie de la révolution : « en d'autres termes sa démarche est réactionnaire, et non révolutionnaire, elle est du ressort de l'utopie ».

Pour Rosa Luxemburg, il ne s'agit pas de choisir entre réforme sociale et révolution. La réforme est nécessaire, elle sert à créer les conditions sociales favorables à une révolution.

L'utopie réformiste

C'est bien le réformisme, celui d'Eduard Bernstein notamment, et non l'idée de réforme, que critique Rosa Luxemburg. En effet, pour Bernstein, l'État a naturellement vocation à se démocratiser par le biais du suffrage universel, et à devenir l'expression de l'intérêt général, rendant la révolution commodément inutile. Rosa Luxemburg ne partage pas du tout cette vision optimiste des choses.

« Le régime capitaliste a ceci de particulier, que tous les éléments de la société future, en se développant, au lieu de s'orienter vers le socialisme, s'en éloignent au contraire. »

Le plus grand danger qui menace le socialisme révolutionnaire, d'après Rosa Luxemburg, c'est donc l'évolution même de la société et de l'état capitaliste. En effet, selon elle « notre mouvement est un mouvement de masse et les dangers qui le menacent ne sont pas l'invention de cerveaux individuels, mais le produit de conditions sociales ».

De l'avis de Rosa Luxemburg, le réformisme fait preuve de beaucoup trop de naïveté. Il ne faut pas s'attendre à ce que la société change d'elle-même. Car le capitalisme oriente de plus en plus la production vers « la forme de la grande entreprise, de la société par actions, du cartel, au sein desquels les antagonismes capitalistes, l'exploitation, l'oppression de la force de travail, s'exaspèrent à l'extrême ».

L'espoir que nourrissent les réformistes d'une évolution naturelle du capitalisme vers le socialisme, est donc tout à fait illusoire et ne saurait mener qu'à l'inertie collective.

Réalisme révolutionnaire

Tracer les contours d'une société nouvelle

Pour Rosa Luxemburg, c'est toujours la révolution qui donne de l'élan aux mouvements sociaux, et qui oriente la société vers de nouveaux horizons.

« Le travail légal de réformes ne possède aucune forme motrice propre, indépendante de la révolution ; il ne s'accomplit dans chaque période historique que dans la direction que lui a donnée l'impulsion de la dernière révolution, et aussi longtemps que cette impulsion continue à se faire sentir [...]. »

Autrement dit, c'est la révolution qui crée le cadre social, et qui donne à la société sa forme.

« À chaque époque, en effet, la constitution légale est un simple produit de la révolution. Si la révolution est l'acte de création politique de l'histoire de classe, la législation n'est que l'expression, sur le plan politique, de l'existence végétative et continue de la société. »

Notons que la révolution qu'a en tête Rosa Luxemburg ne passe pas par un coup d'État qui serait le fait d'une poignée de révolutionnaires. Pour elle la prise du pouvoir politique par une grande classe populaire ne se fait pas artificiellement.

« C'est là toute la différence entre des coups d'État de style blanquiste, accomplis par “une minorité agissante”, déclenchés à n'importe quel moment, et en fait, toujours inopportunément, et la conquête du pouvoir politique par la grande masse populaire consciente ; une telle conquête ne peut être que le produit de la décomposition de la société bourgeoise ; elle porte donc en elle-même la justification économique et politique de son opportunité. »

Pour Rosa Luxemburg il n'est pas question de faire la révolution sans les masses : la victoire du prolétariat implique un mouvement d'émancipation collective.

« L'originalité de ce mouvement réside en ceci : pour la première fois dans l'histoire, les masses populaires décident de réaliser elles-mêmes leur volonté en s'opposant à toutes les classes dominantes ; par ailleurs, la réalisation de cette volonté, elles la situent au-delà de la société actuelle, dans un dépassement de cette société. »

La révolution a donc toujours pour horizon de dépasser le système social en vigueur, d'en redéfinir les structures politiques, économiques et juridiques pour construire une société fondamentalement nouvelle.

Échecs et apprentissage collectif

Bien sûr, une révolution ne peut se décréter, elle surgit lorsque les contradictions du système en place deviennent intenables.

« Sauf en certains cas exceptionnels – tels que la Commune de Paris, où le prolétariat n'a pas obtenu le pouvoir au terme d'une lutte consciente, mais où le pouvoir lui est échu comme un bien dont personne ne veut plus – la prise du pouvoir politique implique une situation politique et économique parvenue à un certain degré de maturité. »

Bien qu'il soit toujours l'heure de la révolte, ce qui pose véritablement problème c'est la conquête durable du pouvoir politique.

« Si l'on considère les conditions sociales de la conquête du pouvoir, la révolution ne peut donc se produire prématurément ; si elle est prématurée, c'est du point de vue des conséquences politiques lorsqu'il s'agit de conserver le pouvoir. »

Rosa Luxemburg est parfaitement consciente des difficultés que pose cette conquête durable du pouvoir politique, et des nombreuses défaites qui doivent paver le chemin des victoires futures« La révolution socialiste implique une lutte longue et opiniâtre au cours de laquelle, selon toute probabilité, le prolétariat aura le dessous plus d'une fois ; si l'on regarde le résultat final de la lutte globale, sa première attaque aura donc été prématurée : il sera parvenu trop tôt au pouvoir. » .

Mais ces échecs répétés sont à envisager comme un apprentissage collectif sur le temps long, un apprentissage nécessaire qui est le seul susceptible de préparer les classes dominées à une lutte victorieuse.

« [...] cette conquête “prématurée” du pouvoir politique est inévitable, parce que ces attaques prématurées du prolétariat constituent un facteur, et même un facteur très important, créant les conditions politiques de la victoire définitive : en effet, ce n'est qu'au cours de la crise politique qui accompagnera la prise du pouvoir, au cours de longues luttes opiniâtres, que le prolétariat acquerra le degré de maturité politique lui permettant d'obtenir la victoire définitive de la révolution. »

D'après Rosa Luxemburg, les échecs révolutionnaires ne sont pas inutiles, dans la mesure où ils contribuent aux victoires futures« De ce point de vue l'idée d'une conquête “prématurée” du pouvoir politique par les travailleurs apparaît comme un contre-sens politique, contre-sens dû à une conception mécanique de l'évolution de la société ; [...] s'opposer à une conquête “prématurée” du pouvoir, revient à s'opposer, en général, à l'aspiration du prolétariat à s'emparer du pouvoir d'État ». . Ils constituent en quelque sorte des jalons historiques sur le long chemin de l'émancipation des masses.

La démocratie : un outil essentiel

À l'inverse des réformistes qui renvoient la révolution aux calendes grecques, Rosa Luxemburg conseille au SPD de préparer le terrain révolutionnaire par la pédagogie et l'organisation des classes dominées. Il s'agit d'éduquer et de renforcer la volonté des masses.

« L'éducation de cette volonté ne peut se faire que dans la lutte permanente contre l'ordre établi et à l'intérieur de cet ordre. »

Rosa Luxemburg estime que le socialisme doit être un mouvement de masse au projet radical.

« Rassembler la grande masse populaire autour d'objectifs situés au-delà de l'ordre établi ; allier la lutte quotidienne avec le projet grandiose d'une réforme du monde, tel est le problème posé au mouvement socialiste ; ce qui doit guider son évolution et sa progression, c'est le souci d'éviter deux écueils : il ne doit sacrifier ni son caractère de mouvement de masse, ni le but final ; il doit éviter à la fois de retomber à l'état de secte et de se transformer en un mouvement réformiste bourgeois [...]. »

Pour le socialisme révolutionnaire que défend Rosa Luxemburg, la démocratie a un rôle central à jouer, parce que la démocratie est un outil essentiel à la conquête du pouvoir par les masses populaires.

« La démocratie est peut-être inutile, ou même gênante pour la bourgeoisie aujourd'hui ; pour la classe ouvrière, elle est nécessaire, voire indispensable. »

En effet, la démocratie joue un double rôle, à la fois politique et pédagogique.

« Elle est nécessaire, parce qu'elle crée les formes politiques (auto-administration, droit de vote, etc.) qui serviront au prolétariat de tremplin et de soutien dans sa lutte pour la transformation révolutionnaire de la société bourgeoise. Mais elle est aussi indispensable, parce que c'est seulement en luttant pour la démocratie et en exerçant ses droits que le prolétariat prendra conscience de ses intérêts de classe et de ses tâches historiques. »

Dans cette perspective la démocratie ne saurait être une fin en soi, elle est avant tout le moyen de transformer la société. La démocratie est la condition nécessaire mais non suffisante d'un changement de paradigme social.

« En un mot, la démocratie est indispensable, non pas parce qu'elle rend inutile la conquête du pouvoir politique par le prolétariat ; au contraire, elle rend nécessaire et en même temps possible cette prise du pouvoir. »


  1. Toutes les citations sont tirées de Réforme sociale ou révolution ?, 1898. La traduction est d'Irène Petit. 

  2. Le SPD est issu de l’ADAV (Allgemeiner Deutscher Arbeiterverein), fondé en 1863, et du SDAP (Sozialdemokratische Arbeiterpartei), fondé en 1869, qui se réunirent en 1875 pour former le SAP (Sozialistische Arbeiterpartei Deutschlands) qui prit le nom de SPD en 1890. 

  3. Ce réformisme est qualifié de “révisionnisme” puisqu'il cherche à réviser et transformer la doctrine révolutionnaire du SPD. 

  4. Lors des élections de 1912, le SPD devient pour la première fois le premier parti politique en termes de mandats au Reichstag avec 34,8 % des voix et 110 sièges, détrônant ainsi le Zentrum. 

  5. « Le fait lui-même de l'exploitation n'a pas pour origine une disposition légale, il a un fondement purement économique, à savoir le fait que la force de travail joue le rôle d'une marchandise, possédant entre autres cette qualité de produire de la valeur, et même plus de valeur que n'en consomment les ouvriers dans leurs moyens de subsistance. » 

  6. « La révolution socialiste implique une lutte longue et opiniâtre au cours de laquelle, selon toute probabilité, le prolétariat aura le dessous plus d'une fois ; si l'on regarde le résultat final de la lutte globale, sa première attaque aura donc été prématurée : il sera parvenu trop tôt au pouvoir. » 

  7. « De ce point de vue l'idée d'une conquête “prématurée” du pouvoir politique par les travailleurs apparaît comme un contre-sens politique, contre-sens dû à une conception mécanique de l'évolution de la société ; [...] s'opposer à une conquête “prématurée” du pouvoir, revient à s'opposer, en général, à l'aspiration du prolétariat à s'emparer du pouvoir d'État ». 

«
«

»